24 avril 2023
La Suisse, la France, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays ont commencé dimanche à évacuer leurs ressortissants ou personnel diplomatique du Soudan. Les combats meurtriers entre armée et paramilitaires y font rage depuis plus d'une semaine.
Deux avions militaires français transportant 200 personnes de différentes nationalités ont atterri à Djibouti dimanche. L'Egypte, grand voisin du nord, a annoncé l'évacuation "par voie terrestre de 436 ressortissants" alors que tirs et explosions ont encore secoué dimanche la capitale soudanaise Khartoum, selon des témoins.
Les violences, principalement à Khartoum et au Darfour, dans l'ouest, ont fait selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus de 420 morts et 3700 blessés. Elles ont déplacé des dizaines de milliers de personnes vers d'autres Etats du Soudan, ou vers le Tchad et l'Egypte.
Opérations internationales
Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont annoncé l'évacuation de leurs diplomates, avec leurs familles. L'Italie, la Turquie et d'autres pays ont aussi indiqué qu'ils allaient tenter d'évacuer leurs ressortissants.
L'ambassade de Suisse à Khartoum, au Soudan, pays africain en guerre, est fermée depuis dimanche. Les sept membres du personnel helvétique ainsi que cinq accompagnants ont pu être évacués en collaboration avec des pays tiers, a indiqué dimanche soir le Département fédéral des affaires étrangères. "L'exercice a été rendu possible grâce à une collaboration avec nos partenaires, notamment la France", a aussi écrit sur Twitter le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis.
Crainte de regain des violences
"Les acteurs internationaux auront moins de poids quand ils auront quitté le pays", estime Hamid Khalafallah, chercheur spécialiste du Soudan. "Ne laissez pas les Soudanais derrière sans protection", plaide-t-il.
Guerre de l'information
Le conflit a éclaté le 15 avril entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Alors que les deux camps se livrent aussi à une guerre de l'information, il est impossible de savoir qui contrôle les institutions du pays ou les aéroports et dans quel état ils se trouvent après avoir été le théâtre de violents combats.
"Dans le noir"
Cette semaine, l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, a eu un goût amer pour les habitants de Khartoum. "On vit dans le noir: d'abord, on nous a coupé l'eau courant, puis on n'a plus eu d'électricité", se lamente l'un d'eux, Awad Ahmed Chérif.
Au Soudan, troisième producteur d'or d'Afrique et pourtant l'un des pays les plus pauvres au monde, les services de santé sont à genoux depuis des décennies et un tiers des 45 millions d'habitants souffre de la faim.
Sources : ATS/Keystone