
21 avril 2023
Explosions et tirs ont continué jeudi à déchirer Khartoum, au sixième jour des combats entre l'armée soudanaise et les paramilitaires, menés par deux généraux rivaux. Aucun répit n'a été observé à l'approche des festivités marquant la fin du ramadan.
Pour sa première réaction en six jours de combats, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, a affirmé qu'il n'y aurait pas "de discussions politiques" avec son rival Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", à la tête des Forces de soutien rapide (FSR): soit il cesse de "vouloir contrôler le pays", soit il se fera "écraser militairement".
Plus de 330 morts
Un appel qui survient alors que, depuis le 15 avril, les affrontements entre les deux camps, principalement dans la capitale et la région du Darfour (ouest), ont déjà fait "plus de 330 morts et 3200 blessés", selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Dans la capitale, "l'odeur de la mort et des cadavres règne dans certains quartiers du centre", témoigne un autre habitant en route vers un quartier plus calme.
Balles perdues
"A 4h30 du matin, on a été réveillés par les bruits des raids aériens. On a fermé toutes les portes et les fenêtres parce qu'on a peur d''une balle perdue", raconte à l'AFP un autre habitant de Khartoum, Nazek Abdallah, 38 ans.
Pour se mettre à l'abri, ils ont dû subir les questions ou les fouilles des hommes postés aux check-points des FSR du général Daglo et de l'armée du général Burhane, chef de facto du Soudan depuis le putsch mené par les deux hommes en 2021.
Fuite des civils
Depuis que la lutte de pouvoir, latente depuis des semaines entre les deux généraux, s'est transformée en bataille rangée le 15 avril, les civils ont aussi fui en nombre à l'étranger.
Les combats font rage à Khartoum et au Darfour, mais des explosions ont aussi retenti jeudi à El-Obeid, à 350 kilomètres au sud de la capitale.
En cinq jours, "70% des 74 hôpitaux de Khartoum et des zones touchées par les combats ont été mis hors d'usage", selon leur syndicat: bombardés, ils n'ont plus aucun stock pour opérer ou bien des combattants en ont pris le contrôle, chassant médecins et blessés.
Envoi de militaires américains
Les organisations humanitaires ont pour la plupart été forcées de suspendre leur aide, cruciale dans un pays où plus d'un habitant sur trois souffre de la faim en temps normal.
Mais 27 autres, capturés par les paramilitaires puis remis à la Croix-Rouge, attendent toujours de quitter le pays à l'ambassade à Khartoum, selon l'armée égyptienne.
Sources : ATS/Keystone