
28 mars 2023
Les sites internet de l'Assemblée nationale et du Sénat français ont été attaqués lundi par des hackers pro-russes, en représailles au soutien de la France à l'Ukraine. Un nouvel exemple de la cyberguerre entre Russie et Ukraine.
Pendant plusieurs heures, le site de l'Assemblée est resté "en maintenance". Le site du Sénat est resté fonctionnel mais celui du Parlement des enfants était lui aussi inaccessible.
Le Parquet de Paris a confirmé ces trois attaques et annoncé l'ouverture d'une enquête pour "entrave au fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données".
NoName a revendiqué ces attaques sur sa chaîne Telegram, en mêlant critiques contre la gestion des manifestations anti-réforme des retraites et contre le soutien de la France à l'Ukraine.
"Intolérable"
"Il est intolérable que le site d'une institution garantissant l'accès à des informations publiques et à la transparence des débats soit l'objet d'une action malveillante", a réagi la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. L'attaque est restée circonscrite à l'accès au site, et n'a pas eu de conséquences sur les données des parlementaires.
NoName est l'un des 61 collectifs de hackers pro-russes identifiés qui depuis l'invasion de l'Ukraine s'en prennent aux institutions des pays alliés, notamment en Europe de l'Ouest, a expliqué Nicolas Quintin, analyste en chef de l'équipe "analyse des menaces" de Thales, forte d'une cinquantaine d'experts dans le monde.
La France a connu plusieurs attaques de ce type récemment. La semaine dernière ont été visés le site d'Aéroports de Paris, temporairement bloqué, ainsi que celui de la DGSI, les services de renseignement français.
Pas de rançon
Ces nouveaux types de cybercriminels agissent sans demander de rançon et recrutent un peu partout des sympathisants. Ils peuvent compter plusieurs dizaines ou centaines de membres, parfois rémunérés en cas d'attaque réussie. Ils sont structurés comme des multinationales, avec direction RH et offres d'emplois, sans vraiment se cacher.
Sans que l'on puisse savoir s'ils sont télécommandés par le Kremlin ou s'ils attirent simplement des activistes pro-russes, ils prennent particulièrement pour cible des pays ouest-européens, baltes et scandinaves. Début 2023, NoName a lancé des attaques contre des institutions allemandes lorsque Berlin a autorisé la Pologne à livrer des chars Leopard 2 à l'Ukraine et lors des élections tchèques contre le site du candidat europhile et atlantiste Petr Pavel.
"Il est logique qu'ils ciblent la France dans l'ambiance des manifestations contre la réforme des retraites", souligne Thales, allusion aux tentatives russes de déstabilisations des alliés de Kiev.
Sources : ATS/Keystone